7 juin 2018
Examen par l’Assemblée de la Polynésie française du projet de délibération portant approbation des conclusions du comité de pilotage relatives à la Feuille de route polynésienne pour le Livre bleu des Assises de l’outre-mer
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Monsieur le Président de l’Assemblée de la Polynésie française,
Monsieur le Vice-président,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs les représentants,
Mesdames, Messieurs,
Votre assemblée doit à présent examiner le projet de délibération tendant à approuver formellement les conclusions du comité local d’orientation ayant validé le projet de Feuille de route polynésienne des Assises de l’Outre-mer nécessaire à la confection, par le gouvernement de la République, du Livre bleu outre-mer.
Je rappelle que cette démarche a été voulue par le Président de la République sitôt élu et a été mise en œuvre par la Ministre des outre- mer avec le relais local du Haut-commissariat de la République et le plein concours des ministères et des services du Pays.
Elle visait à faire émaner du terrain de chaque outre-mer des propositions d’actions à mettre impérativement en œuvre dans le cadre des cinq années du mandat présidentiel en cours.
J’ai considéré qu’il était de l’intérêt du Pays de prendre part à cette démarche, non seulement pour ce que la Polynésie française pourrait au final en retirer de concret, mais aussi en raison de son caractère innovant. Elle reposait en effet sur une forme de démocratie participative visant à cadrer l’action de l’Etat dans les outre-mer sur le court terme en lui conférant des orientations et des actions puisées auprès du corps social et économique, simples citoyens comme acteurs économiques ou politiques, demeurant ici à Tahiti comme au sein de tous nos archipels.
C’est ainsi qu’au-delà même du comité de pilotage rassemblant, outre Monsieur le Haut-commissaire et moi-même, un ensemble de personnalités locales, dont le précédent président de votre assemblée, a été mis en place un comité technique, mêlant des responsables techniques du Haut-commissariat et de la Présidence, chargé de gérer la mise en œuvre opérationnelle de la démarche.
Par ailleurs, un groupe itinérant piloté par les différents administrateurs de l’Etat dans nos archipels et Monsieur Tamatoa Bambridge, universitaire – chercheur bien connu, a été chargé d’expliquer la démarche et de se mettre à l’écoute des maires et des populations de différentes communes au sein de tous nos archipels.
Enfin, des tables rondes d’experts se sont tenues dans différents domaines de l’économie, des questions sociales ou encore culturelles pour faire valoir leurs propositions et leurs idées.
Tout ce travail d’écoute, d’échanges et de collecte des informations auprès des populations de nos 5 archipels ont nécessité de visiter 13 îles (hors Tahiti et Moorea), de tenir 17 réunions publiques, 13 réunions avec des conseils municipaux et 10 réunions d’experts, soit 80 heures de débat. Cela vous montre que les Assises des Outre-mer ont été organisées de telle sorte que l’expression de la population soit la plus large, géographiquement et socialement.
En sus de ces rencontres et lieux de débat et d’échanges, l’Etat a mis en place tout un dispositif de recueil de la pensée populaire par la voie des nouvelles technologies et des réseaux sociaux, permettant au final au plus grand nombre de prendre part, s’il le désirait, à cette vaste consultation populaire.
Tout ce qui a été recueilli au cours de cette phase d’écoute a été analysé par le comité technique, trié, regroupé, hiérarchisé, traité au regard tant des dispositions de l’Accord de l’Elysée que de la faisabilité de court terme et de la répartition des compétences entre l’Etat, le Pays et les communes. Ce comité a effectué en peu de temps un formidable travail dont je le remercie.
Puis les ministères et les services de l’Etat, du Pays et du Syndicat pour la promotion des communes ont fait valoir leur point de vue et leurs propositions. Petit à petit, à force de dialogue et de concertations poussées, les données recueillies ont été passées au tamis de l’intérêt et de la faisabilité jusqu’à finalement produire le document approuvé à l’unanimité des membres du comité de pilotage et dont vous avez eu communication.
Dans ce document, vous trouverez un diagnostic territorial, mais aussi un ensemble de fiches-projet répondant au traitement de trois thématiques majeures que sont :
– La croissance économique et l’emploi ;
– La continuité territoriale ;
– La solidarité et la famille.
La période électorale que nous venons de vivre, propice à toutes les outrances, a suspendu la procédure devant permettre à votre assemblée de donner son aval aux conclusions de cette démarche d’importance.
Eu égard à la qualité du travail ainsi accompli, émanation directe du sentiment populaire, je vous invite à voter unanimement pour, toutes les actions préconisées allant clairement dans le sens de nos intérêts supérieurs. Ce sera alors un signe fort envoyé à l’Etat en début de mandature que nous savons nous entendre et nous comprendre quand des choses essentielles pour nos populations sont en jeu.
Mais le travail ne s’arrêtera pas là. En effet, dois-je vous rappeler que sur proposition du président François HOLLANDE et du député Victorin LUREL, le Parlement a aussi adopté la loi sur l’égalité réelle outre-mer, dite loi EROM.
Cette loi, qui vise à rapprocher les outre-mer de la norme métropolitaine, postule une nouvelle démarche à mettre en œuvre sur un plus long terme, 15 à 20 ans, celle de l’établissement de plans de convergence et des contrats qui tendront à leur mise en œuvre.
Monsieur le haut-commissaire vient de nous saisir de cette affaire et les premières concertations ont eu lieu hier après-midi entre nos services techniques.
Ainsi, à travers cette action, nous pourrons prolonger la démarche des Assises des outre-mer et intégrer des orientations de plus long terme inscrites au sein de l’Accord de l’Elysée ou encore des projets momentanément écartés des conclusions du Comité local d’orientation que vous avez à valider aujourd’hui.
S’il est bien trop tôt pour que je puisse vous en dire plus aujourd’hui, l’affaire étant tout juste à son démarrage, j’entends vous indiquer d’ores et déjà toute ma grande préoccupation pour que votre assemblée, mais aussi le corps social dans son ensemble, y prenne toute sa part.
Pour l’heure, les ministres m’entourent pour répondre à vos questions.
Je vous remercie pour votre attention